Pourquoi une vae ?

Mon entourage, professionnel ou non, m'interroge régulièrement sur les raisons qui m'ont amenée à réaliser ma VAE, en vue d'obtenir un master de psychologie du travail. Il est vrai que ce n'était pas une nécessité puisque j'avais déjà un diplôme et l'expérience qui allait bien, mais...

 

Voici donc un autre extrait de cette VAE explicitant mes motivations.

 

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Divers motifs m’ont amenée à m’engager dans une VAE dont j’imagine aisément l’investissement demandé, compte tenu de ma pratique professionnelle en lien direct avec ce dispositif : J’accompagne, en effet, depuis trois ans des personnes dans la rédaction de leurs propres livrets. Me soumettre à cette épreuve pourrait être un “plus” pour mieux guider ces personnes, même s’il faut se garder de transposer une telle expérience qui reste, malgré tout, unique. Ce n’est pourtant pas cette raison – quoiqu’elle pourrait représenter un bénéfice secondaire – qui m’a incitée à entamer ce travail qui nécessite de solides motivations et ne saurait être pris à la légère.

 

 

Bien que je possède déjà un DESS de psychologie, je tiens, en premier lieu, à valoriser l’expérience spécifique liée à mon parcours, pour laquelle ce diplôme ne m’a pas complètement préparée. En effet, ma formation clinique, même si ma maîtrise comportait une dominante sociale, me prédisposait à d’autres champs professionnels que ceux de l’orientation et de la formation pour adultes qui constituent, à ce jour, la majeure partie de mon expérience.

L’absence d’un diplôme spécifique, comme celui que je souhaite obtenir par le biais de cette VAE, ne m’a jamais posé problème jusqu’à récemment pour accéder à des postes de psychologue du travail. Mais j’ai rencontré ces trois dernières années des obstacles lors de mes recherches d’un emploi stable dans ce domaine, et ce, malgré mon parcours. Un des retours obtenus (par écrit) mentionnait clairement le manque de diplôme adéquat comme unique raison du refus de ma candidature. Bien que je ne sois pas dupe au point de penser qu’il s’agissait du motif essentiel de cet écartement, c’est bien cet argument qui m’a été retourné, comme élément irréfutable. Dotée du “bon” diplôme, je pourrais donc me positionner sans ambiguïté sur des postes plus en rapport avec mon expérience.

 

Par ailleurs, cette dernière s’est construite au fil du temps et des rencontres, sans une assise théorique suffisante selon moi : je me suis surtout formée “sur le terrain”, même si j’ai pu suivre quelques modules de formation continue. Je ressens, par conséquent, le besoin de prendre du recul vis-à-vis de ma pratique et de la conceptualiser davantage. Je me suis déjà procuré quelques ouvrages conseillés pour ce master afin de m’aider dans cette réflexion. Mon objectif étant de repérer ce qui fonde ma pratique, et de l’alimenter pour la faire évoluer.

 

De plus, ayant rencontré des difficultés d’insertion, qui n’ont pas été sans me remettre en question, j’aimerais avoir un retour sur mes compétences par un jury de professionnels. Plusieurs explications peuvent être avancées sur ces difficultés : la crise, mon âge, mon statut de vacataire, etc. Nonobstant le fait que mes employeurs ont souvent apprécié mes qualités professionnelles, il n’en demeure pas moins que je me suis retrouvée dans une situation particulièrement préoccupante avec la baisse de mes activités : outre les conséquences concrètes de celle-ci, j’ai assez mal vécu ce qui m’est apparu comme un désaveu de mes compétences. Cela n’a, bien évidemment, jamais été exprimé par ces responsables, mais j’ai perdu une certaine confiance en moi, sans compter qu’il m’est parfois difficile d’avoir le recul suffisant face à des personnes que j’accompagne en bilan de compétences. Je me questionne sans arrêt, par exemple, sur l’impact que peut avoir ma propre situation sur celle des bénéficiaires que je dois conseiller. Le travail de formalisation nécessité par la VAE, en plus de la confrontation avec un jury, m’intéresse donc aussi pour prendre de la distance vis-à-vis de ma pratique, mieux la conscientiser et, je l’espère, retrouver de l’assurance.

 

 

Les raisons que je viens d’exposer sont bien évidemment en lien avec un objectif d’insertion professionnelle : l’idéal serait d’intégrer un poste plus stable, même à temps partiel. Le statut de vacataire ne me dérangeait pas vraiment tant que mes activités étaient suffisantes. Mais, bien que j’accorde de l’importance à mon indépendance, celle-ci s’est révélée assez relative face à la réduction drastique de mes interventions depuis la crise. Par ailleurs, ce statut peut décourager l’investissement professionnel, même si ça n’a sans doute pas été mon cas jusqu’à présent.

 

De plus, à mon âge et compte tenu de la durée de mon expérience, il me semble légitime d’aspirer à un plus haut niveau de responsabilité, comme la direction d’un centre de bilan, par exemple. Cela me paraît, toutefois, un objectif difficile à réaliser actuellement pour des raisons à la fois financières et contextuelles (concurrence, notamment). Ayant à cœur de défendre ce dispositif de bilan, j’aimerais néanmoins participer à la formation de conseillers ou, pourquoi pas, à l’évaluation des centres de bilan, comme le cabinet Quaternaire l’a fait lors de la mise en place de la charte qualité. Depuis que le ministère du Travail s’est désengagé de cette évaluation, le nombre de centres de bilans ne cesse d’augmenter avec des prestations qui me paraissent parfois éloignées de ce qu’on peut en attendre, ce qui rejaillit, selon moi, sur l’ensemble du dispositif en le dévaluant. Dans certains centres de bilans, l’obligation de rentabilité, l’absence de travail d’équipe et de formation des conseillers, entre autres, sont particulièrement néfastes à ce dispositif, comme je l’ai constaté à plusieurs reprises. Finaliser ma VAE pourrait donc me permettre de promouvoir la professionnalisation des intervenants en bilan, en proposant, par exemple, des modules de formation qui leur seraient destinés.

 

 

J’ajouterai, pour finir, que l’obtention de ce diplôme n’est pas une fin en soi : c’est une étape qui me paraît à ce jour indispensable pour une reconnaissance de mon expérience, mais je n’imagine pas celle-ci sans évolution. Rédiger cette VAE me semble propice à relancer une dynamique de progression, au même titre que les formations que j’envisage pour améliorer et élargir ma pratique, comme celles qui concernent les risques psychosociaux, par exemple.