La Chromatographie Liquide Haute Performance (HPLC) est une technique d’analyse de référence utilisée pour la séparation, l’identification et la quantification de composés chimiques présents dans des mélanges complexes. Contrairement à la chromatographie en phase gazeuse (GC), l’HPLC est particulièrement adaptée aux molécules peu volatiles ou thermosensibles, comme les composés organiques polaires, les métabolites, les peptides ou encore les principes actifs pharmaceutiques. Elle est largement utilisée dans l’industrie pharmaceutique, agroalimentaire, cosmétique, environnementale, ainsi que dans les laboratoires de recherche et de contrôle qualité.
Le principe de l’HPLC repose sur les interactions différentielles entre les analytes, la phase mobile (liquide, souvent un mélange eau/solvant organique) et la phase stationnaire (matériau contenu dans la colonne chromatographique). Les analytes sont séparés selon leur polarité, leur hydrophobicité, leur masse molaire ou encore leur affinité avec la colonne. Différents modes chromatographiques sont possibles selon la nature de la phase stationnaire : phase inverse (C18), la plus courante, phase normale, échange d’ions pour les composés ioniques, ou exclusion stérique (SEC) pour les polymères et macromolécules. Pour optimiser la séparation, plusieurs paramètres doivent être rigoureusement contrôlés : la composition et le débit de la phase mobile, la température de la colonne, le type d’injection (manuel ou automatique), et le volume d’échantillon introduit.
Le système de détection joue un rôle clé dans la performance de l’analyse HPLC. Le détecteur à barrette de diodes (DAD) permet une détection multi-longueur d’onde, utile pour obtenir à la fois des données quantitatives et spectrales sur les composés absorbant en UV-visible. Le détecteur UV-Vis, plus simple, reste très efficace pour les composés ayant des groupements chromophores. Pour les analytes non chromophores, comme les sucres ou les alcools, on utilise plutôt un détecteur réfractométrique (RI), bien que celui-ci soit plus sensible aux variations de température. Le détecteur de fluorescence (FLD) est quant à lui extrêmement sensible pour les analytes naturellement fluorescents ou dérivés, et très utilisé en pharmacologie, bioanalyse ou dans l’environnement. Enfin, pour les analyses les plus poussées, notamment dans des matrices complexes à très faibles concentrations, l’HPLC peut être couplée à la spectrométrie de masse (MS), qui permet une identification moléculaire par le rapport masse/charge (m/z). Parmi les technologies de pointe, on retrouve l’analyse TOF (Time-of-Flight), la trappe ionique, les analyseurs quadrupolaires, et surtout l’Orbitrap, qui offre une résolution et une précision extrêmes, idéales pour la métabolomique, la protéomique ou le suivi de médicaments à l’état de trace.
Le bon fonctionnement d’un système HPLC repose sur une maintenance régulière et rigoureuse, afin d’éviter les dérives analytiques et les pannes techniques. L’entretien des pompes inclut le nettoyage des pistons, le remplacement des joints, et la vérification du débit, éléments essentiels pour garantir une pression stable. La colonne chromatographique doit être régulièrement rincée ou régénérée, selon les recommandations du fabricant, afin d’éviter les colmatages et de prolonger sa durée de vie. Le système d’injection, qu’il soit manuel ou automatique, nécessite également un nettoyage fréquent du circuit et des aiguilles pour éviter les contaminations croisées. Les détecteurs (DAD, UV, RI, FLD, MS…) doivent être entretenus avec soin, notamment par le nettoyage des cellules de détection et la vérification de la transmission optique. Enfin, une attention particulière doit être portée à la préparation de la phase mobile : les solvants doivent être filtrés et dégazés (à l’aide d’un filtre 0,2 µm et d’un ultrason ou dégazeur en ligne) pour éviter la formation de bulles d’air pouvant perturber la pression et la ligne de base.